Soweto, ce bidonville renommé banlieue, ce témoignage brulant de l’Apartheid, ce bout d’Afrique noire au coeur de cette Afrique blanche.
Sommaire
Il est 17h, nous atterrissons à Johannesburg.
Le dépaysement commence en sortant de l’aéroport.
Je suis presque étonnée de voir une foule si colorée dans cet environnement moderne. Il faut dire aussi que les passagers du vol étaient grands et blonds, parés de tenues de grande valeur. De toute évidence, ils contribuaient à relever les indications nationales sur le niveau de vie moyen du Sud Africain. Délaissant rapidement ces chauffeurs de taxi au coin d’un boulevard bordé de fontaines et de palmiers symétriquement disposés sur un gazon digne des plus beaux terrains de golf, nous empruntâmes le métro qui nous mènerait downtown.
Propre et spacieux, il déversait des hordes de touristes à mesure que montaient des hommes et des femmes qui rentraient du travail. C’était Paris, en plus propre. Comme à Paris, personne ne se regardait, personne ne nous regardait, nous qui faisions pourtant deux têtes de moins que ces géants aux origines hollandaises. Avec nos allures de baroudeurs, nous nous sentions comme les deux parias d’une soirée de gala organisée par un comité de charité américain. Mais personne ne nous fustigeait, au contraire, on nous évitait. Certains avaient le regard perdu dans le vide, d’autres rivé sur leur téléphone portable. Je commençais à manger un muffin acheté plus tôt à l’aéroport, mais un contrôleur me héla et m’indiqua un signe dessiné sur le mur en face de moi. Finalement, contrairement à Paris, une interdiction de manger dans le métro signifiait qu’il était interdit de manger. Au-dessus des portes automatiques, la lumière sur la carte de la ligne de métro se déplaça sur Park Station. C’est là que nous descendions.
J’étais décidément frappée par la modernité de la ville.
En plus d’être propre et parfaitement équipée, elle arborait des immeubles magnifiques, qui n’avaient rien à envier aux constructions européennes. J’avais déjà compris qu’il serait inutile de chercher à comparer ce pays au monde occidental, puisque l’Afrique du Sud en faisait bel et bien partie. Pour autant, nous n’avions pas l’intention de nous contenter de ce que nous connaissions déjà et avions prévu de passer notre première nuit sud africaine dans Soweto. Soweto, ce bidonville renommé banlieue, ce témoignage brulant de l’Apartheid, ce bout d’Afrique noire au coeur de cette Afrique blanche. Nous nous engouffrâmes dans la gare des correspondances régionales.
A ce moment seulement, nous entrâmes véritablement en territoire africain.
En ce lieu tamisé et poussiéreux, pas un blanc-bec, mais une foule de badauds qui parle une langue locale que je ne saisis pas. Partout, des plateformes sans dénomination, des départs et des arrivées de trains impromptues, des provenances et des destinations inconnues. Aujourd’hui est un jour férié, et il n’y a pas un seul agent pour nous orienter. Impossible de s’en sortir seuls, nous nous laissons donc mener par un homme ne parlant pas un mot d’anglais jusqu’au quai qui – en espérant qu’il nous ait compris – nous mènera à Soweto. J’aimerais prendre une photo de cette foule, mais je sens que cela serait malvenu. Ils sont beaux pourtant, tous ces hommes avec leurs chemises colorées et leurs blancs sourires. Ici et là, des quidams se frayent un chemin pour vendre maïs grillés, boissons fraiches et autres glaces à l’eau.
Notre train entre en gare.
Je remarque aussitôt qu’il est plein et qu’il n’a pas de portes. Des hommes sautent du train avant même qu’il se soit arrêté. Un peu gauches avec nos gros sacs de voyage, nous montons dans le train. Il n’y a plus de voix pré-enregistrée pour nous prévenir du fossé entre la plateforme et le marche-pied. Nous sommes les seuls Blancs. J’imagine que les autres prennent leur voiture ou un taxi. Des ouvertures béantes qui bordent des rangées de sièges me vient un petit vent qui me rafraichit dans cette chaleur moite. Je constate qu’il fait nuit. Parfois le train s’arrête sur des quais non éclairés et sans panneau. Nous avons quitté la ville depuis longtemps.
Tous ces hommes me dévisagent.
A mesure que le train s’enfonce dans la pampa, mon cœur bat un peu plus fort. Je regarde Benoît qui me fait un sourire encourageant. Un vendeur ambulant me bouscule. Il vend beaucoup de glaces à l’eau. Je croise le regard bienveillant d’un homme et lui demande à quel moment il nous faut descendre du train. Four stops, me répond-il. A la station suivante, il m’en indique 3 avec sa main. Un autre homme me demande alors d’où nous venons. Il semblerait que jamais encore il se soit retrouvé avec deux Français dans ce train local. Le train s’arrête, c’est le moment de descendre. Enjoy South Africa!, nous crient-ils.
Aguerris, nous partons à la découverte de Soweto.
Pour plus d’informations, voyez notre itinéraire en Afrique du Sud et restez connectés pour continuer à lire nos aventures dans ce beau pays !